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Jérôme comparaît ce mardi à Évry pour avoir brûlé vive sa femme en 2016 à leur domicile de Saint-Germain-lès-Arpajon Il est incarcéré à Fresnes, où aucun surveillant ne parle le langage des signes.

Par Florian Loisy
LE PARISIEN
Le 24 juin 2019
Photo: LP/A.-L. A.

À Fresnes comme à Fleury, aucun surveillant ne parle le langage des signes. Et certains sourds-muets écrivent très mal. C’est le cas de Jérôme, 37 ans. Incarcéré dans le Val-de-Marne depuis juillet 2016, Jérôme est jugé à partir de ce mardi devant la cour d’assises de l’Essonne à Evry-Courcouronnes, pour avoir tué sa femme en la brûlant vive dans leur maison de Saint-Germain-lès-Arpajon. Depuis trois ans, il communique difficilement avec une ardoise et se retrouve complètement isolé.

 

Plongé dans une réelle misère sociale et psychologique, il dénonce ses conditions de détention. L’Observatoire international des prisons a même saisi l’agence régionale de santé (ARS). Et malgré des mails et des demandes de son avocate auprès de la hiérarchie de la prison, cette situation perdure.

 

« Tout être humain a le droit d’être traité avec respect »

 

« Même son procès ne sera pas forcément équitable, souligne son avocate Me Laure Berrebi-Amsellem. Lorsque je communiquerai avec lui via l’interprète, la partie adverse pourra tout comprendre. » Lors de son transfert vers la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis la semaine dernière, en vue de son procès, il était menotté. « Il ne pouvait donc pas faire le moindre geste ni écrire quoi que ce soit, durant plusieurs heures », reprend sa représentante qui ne minimise pas les faits pour lesquels il est en détention.

 

« Mais tout être humain a le droit d’être traité avec respect. En trois ans il n’a pu voir de psychologue, car celle en place à Fresnes a refusé la présence d’un interprète en langage des signes pour assister aux séances. Il aurait eu besoin d’effectuer un travail avec un psychologue ou un psychiatre. S’il sort sans avoir pu faire ce travail sur lui-même, c’est une catastrophe », prophétise l’avocate.

 

Rien n’est adapté à la prise en charge de sourds-muets en milieu carcéral. Lors des grèves de surveillants pénitentiaires en début d’année 2019, les effectifs étaient réduits au strict minimum. Pour aller prendre sa douche, il fallait donc entendre l’appel des noms. Impossible pour Jérôme qui n’a jamais su quand c’était son tour. Il est parfois resté une semaine sans se laver.

 

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