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La cour d’assises de Paris a condamné Soraya M. à 15 ans de réclusion.

 

Par Victoire Haffreingue-Moulart
Le Parisien
Le 11 octobre 2025
Photo: Le Parisien

 

Le 12 août 2022, cette prostituée transgenre avait, à Pigalle, poignardé Angie Kompressor. Les trois jours de débats n’ont pas permis de comprendre pourquoi elle était passée à l’acte.

Les proches d’Angie Kompressor ne connaîtront jamais la raison pour laquelle, cette nuit d’août 2022, Soraya M. s’en est prise à elle. Une histoire de drogues ? De territoire entre ces deux prostituées transgenres ? Malgré trois jours d’audience à la cour d’assises de Paris, la question du mobile n’a pas trouvé de réponse.

En revanche, la cour d’assises a su répondre à une autre interrogation. Depuis le début de la procédure, Soraya M. répétait n’avoir jamais voulu tuer Angie Kompressor. Si elle avait sorti son couteau ce soir-là, c’est uniquement parce qu’elle avait le sentiment qu’Angie prenait le dessus sur elle dans leur altercation.

Alors que les avocates de Soraya M. demandaient la requalification des faits en violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, la cour a estimé qu’il s’agissait bel et bien d’un meurtre. Que la violence du coup porté à Angie Kompressor montrait bien une intention de tuer.

 

Défoncée au crack et à l’alcool, Soraya avait sorti son couteau

 

Les jurés ont tout simplement estimé que Soraya M. aurait pu faire machine arrière. Que cette empoignade sur un trottoir du boulevard de Clichy (XVIIIe) aurait dû se finir différemment.

Il était 2 heures du matin, ce 12 août 2022, lorsque la jeune femme, aujourd’hui âgée de 29 ans, avait fondu sur Angie, provoquant un accrochage entre les deux femmes. Soraya M., défoncée au crack et à l’alcool qu’elle avait consommé toute la journée, avait fini par sortir le couteau qu’elle portait toujours sur elle. Une petite lame de huit centimètres qui a fait des dégâts colossaux sur le corps d’Angie.

Poignardée au niveau de l’abdomen, la grande et plantureuse Angie s’était écroulée sur le sol avant de s’éteindre quelques heures plus tard à l’hôpital.

 

« On a pris le temps de comprendre qui était Angie »

 

Si la cour d’assises n’a pas reconnu les violences mortelles sans intention de tuer, elle a en revanche admis que le discernement de Soraya M. était altéré au moment du drame. Dans ces conditions, la cour d’assises l’a condamnée à 15 ans de réclusion criminelle. L’avocat général, lui, en avait requis 20.

« La cour s’est dispensée de l’idée même d’un mobile, réagissent les avocates de l’accusée, Me Chloé Redon et Me Clotilde Petit. Bien sûr, on aurait aimé que les violences mortelles sans intention de tuer soient retenues, mais on a arraché l’altération du discernement, ce qui signifie bien que l’intention n’était ni pleine, ni entière. » Elles se réservent la possibilité de faire appel de cette condamnation.

Côté parties civiles, on sort « apaisé » de ces trois jours de débats. « Les choses ont été bien faites, note Me Laure Berrebi-Amsellem. Le président a pris le temps d’écouter la famille, de comprendre qui était Angie. Il a fallu plus de 5 heures pour qu’un verdict soit rendu, c’est signe qu’on a pris le temps dans ce dossier. »

 

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